Les phages, une alternative aux antibiotiques… Ou l’inverse ?

Attention, cet article date de 9 ans, les informations peuvent ne plus être à jour...

Edit du 23 Sept. 2017 : Nouveau lien vidéo

 

Bactériophages.png

Un bactériophage type T4

 

Comme vous le savez, les antibiotiques sont de moins en moins efficaces pour cause de surconsommation, mais pourquoi ?

 

Tout d’abord qu’est-ce qu’un antibiotique ?

C’est une molécule de synthèse ou non, qui agit exclusivement sur les bactéries (organismes vivants unicellulaires ou pluricellulaires exceptionnellement, c’est-à-dire constitués d’une seule cellule quasi-exclusivement, et dont le matériel génétique n’est PAS enfermé dans un noyau, et qui peut ou non se « déplacer ») et souvent sécrétés/fabriqués par d’autres bactéries ou champignons pour attaquer leurs concurrents bactériens (ex : la pénicilline).
Cependant, on modifie chimiquement ces molécules pour les rendre plus efficaces, comme par exemple faire en sorte qu’elles touchent un grand nombre d’espèces différentes de bactéries (ce sont les antibiotiques dits « à large spectre ») ou pour éviter qu’elles portent préjudices à nos cellules ou encore pour limiter les effets secondaires.
Leurs buts est de détruire les bactéries ou simplement d’arrêter leur multiplication pour que le système immunitaire s’en charge.

 

La résistance bactérienne c’est quoi ?

Les bactéries sont capables de se développer très très rapidement. Cette prolifération rapide entraîne par conséquent un brassage génétique constant via des mutations, des erreurs qui peuvent survenir lors de la copie d’ADN d’une part.
D’autre part, les bactéries sont capables de s’échanger un ADN spécifique, appelé « plasmide » (comme Bioshock), capable de fournir des « fonctionnalités » supplémentaires à la bactérie qu’elle n’avait pas auparavant.
Ces moyens de défenses, volontaires ou non, font que 100% des bactéries ne sont pas détruites (ou rarement) lors de la prise d’antibiotiques.
Le fait d’arrêter la prise d’antibiotique de manière anticipée avant la fin du délai énoncé par le médecin va faire en sorte que les bactéries résistantes (en faible pourcentage au départ) vont se multiplier, et vous risquez alors d’avoir non une, mais deux souches bactériennes dans votre corps. Votre antibiotique n’ayant plus d’effet, celles-ci vont se faire un plaisir de vous coloniser.
Le fait de prendre aussi des antibiotiques pour rien, en automédication, entraîne aussi cet effet, car vous risquez de forcer la sélection des souches résistantes de la même manière que précédemment.
Voilà pourquoi il est important de bien suivre les recommandations à la lettre du médecin, si les temps de prise indiqués sont longs ce n’est pas pour rien, ce n’est pas parce que vous vous sentez mieux que vous êtes guéris, il faut ABSOLUMENT en être sûr.

 

Les phages, c’est quoi ?

Les phages, ou bactériophages, sont des virus spécifiques aux bactéries. Ils existent de manière naturel et on est sûr qu’il existe pour chaque bactérie son bactériophage correspondant.
Les phages étant capable de réduire une population de bactérie à néant présente l’avantage d’être une alternative naturelle aux antibiotiques dont la capacité de fonctionnement diminue grandement par la résistance toujours croissante des bactéries.
Ils agissent de la même manière que nos virus : ils colonisent la cellule, détournent son activité de synthèse pour qu’elle devienne une véritable machine-zombie à multiplier le virus, jusqu’à ce que la cellule meurt d’épuisement ou éclate (triste fin) : ce sont des parasites strictes, incapables de se reproduire d’eux-mêmes.
La phagothérapie est donc l’utilisation de phages en thérapie.

Une vidéo de 50min issue d’Arte, que j’avais vu il y a 2 ou 3ans et qui explique bien l’usage des bactériophages :

Vidéo du documentaire en HD :
http://www95.uptostream.com/437l1269bac/720/0/video.mp4

(le titre au cas où elle est de nouveau supprimée : « Virus contre bacteries une solution à la crise des antibiotiques? »)

Cependant, gardons bien quelques réserves, on nous montre ici un résultat positif et pas du tout représentatif.

 

Mais alors pourquoi on ne fait pas de test à grande échelle ?

Pour des raisons éthiques ou par mesure de précautions… Voilà les arguments qu’on retrouve le plus souvent.
Il y a aussi clairement une grande part de lobby pharmaceutique qui ne souhaite pas laisser un concurrent s’installer ni changer de mode de fabrication plus coûteuse.
Le « problème » en France est que la mise sur le marché de produits thérapeutiques est soumis à des réglementations (qui en soit permet d’éviter pas mal de contrefaçon et de problèmes) et nécessitent une « Autorisation de Mise sur le Marché » délivré après de nombreuses études cliniques (en théorie) qui ne peuvent être faites que par le domaine pharmaceutique et donc empêche l’avancé de nouvelles techno (Pas de subvention de la part des groupes pharmaceutiques pour des tests cliniques ou en laboratoires).
Ce point est critiquable mais on ne rigole pas avec la santé, même si certains produits sont clairement vendus pour se faire de l’argent (merci Boiron).
De plus, notre système n’est clairement pas ouvert aux nouveautés, c’est un fait.

Mais, le plus étonnant c’est que les phages ont été utilisé en France pendant longtemps avant l’arrivée des antibiotiques et que cette méthode de soin a été tout simplement oublié face à la pénicilline, notamment à causes des guerres mondiales (Source).

On peut tout de même avoir quelques craintes sur ces virus notamment sur les points suivants :
– Peur d’avoir les mêmes problèmes qu’avec les antibiotiques.
– Mutation constante des virus.
Cependant, ces craintes se sont avérées pour le moment seulement théoriques.

 

Des domaines où les phages sont dangereux

Comme vous le savez sans doute, de très nombreuses bactéries (la plus grande majorité même) ne sont pas pathogènes (toxiques ou dangereuses) pour l’Homme et, au contraire, clairement vitales ! (Flore bactérienne ou au niveau de la peau)

La lutte contre les bactériophages est intéressante dans les secteurs utilisant les bactéries (levains), c’est-à-dire l’industrie fromagère et la choucroute où les bactéries permettent via des procédés des fermentations d’obtenir le produit final.

Pour lutter contre les bactériophages il suffit de « vacciner » les bactéries contre les phages en développant des bactéries ayant acquis une immunité contre ces phages. Il en résulte une population de bactérie résistante et capables de se défendre contre les phages.

 

Quelques compléments :

http://www.wikiwand.com/fr/Phagoth%C3%A9rapie
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/54390/HEGEL_2014_4_3.pdf
http://www.luxembourgcreative.be/upload/Phagotherapie%20020512/LiegeCreative_Phagoth%C3%A9rapie_D_DeVos_020512.pdf

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